Pour l’annonce de l’Evangile

mercredi 28 septembre 2022

« Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile » proclame saint Paul dans la première lettre aux Corinthiens (1 Co, 9, 16). En écrivant ces mots, je me pose la question de savoir si cette préoccupation est toujours au cœur de la vie du chrétien. Et pourtant, lorsque nous avons compris l’importance et la fécondité de l’œuvre de Dieu pour nous, comment pourrions-nous résister au désir de l’annoncer à nos frères ? Jésus lui-même, répondant aux pharisiens au jour de son entrée à Jérusalem, leur fait cette remarque, parlant de ses disciples : « Si eux se taisent, les pierres crieront » (Lc 19, 40)

Souvent, il nous semble que notre monde n’est pas prêt à recevoir l’annonce de l’Evangile, ou à entendre parler des merveilles de Dieu. Mais l’Histoire Sainte nous montre qu’il n’y a jamais eu d’époque favorable à l’annonce de l’Evangile. Il y a toujours eu des témoins persécutés pour leur fidélité à Dieu ! Il y a toujours eu des opposants à l’Evangile, plus ou moins virulents ! Il y a toujours eu des personnes pour mépriser le Christ et les chrétiens… Cependant, d’année en année, même si ce n’est pas visible d’une manière particulière dans nos pays de vieille chrétienté, l’Eglise grandit et le nombre de baptisés dans le monde s’accroît. C’est ainsi que nous ne pouvons pas douter de l’œuvre de Dieu et de la fécondité de la Mission.

Il y a de nombreuses manières d’annoncer l’Evangile, avec cette conscience profonde du fait qu’en agissant ainsi, nous servons l’œuvre du Christ. Dans nos paroisses, des services particuliers se consacrent à annoncer le Salut de manière explicite, par les missions d’évangélisation, le catéchisme, etc. Mais c’est toute la vie d’une communauté qui se doit d’être évangélisatrice, ce qui signifie que chaque action a pour but de révéler les merveilles de Dieu. C’est sans doute à travers l’unité vécue dans la charité que notre témoignage aura sa force : « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’ils reconnaitront que vous êtes mes disciples » (Jn 13, 35). Tous doivent garder au cœur cette vocation missionnaire, que ce soit dans la vie paroissiale, comme devant le monde qui a tant besoin de Dieu !

A travers les siècles, nous voyons des religieux consacrés pour la Mission, prêts à partir à travers le monde pour que le Christ y soit connu en y servant la vie des hommes. Des époques ont été particulièrement prolifiques dans ce domaine et le sanctoral de l’Eglise regorge de figures qui nous sont données en exemple pour ce caractère missionnaire de leurs vies données. Certains sont allés jusqu’au martyre, d’autres ont fondé des communautés qui sont devenues par la suite des Eglises locales florissantes. La grande richesse de la vie missionnaire de l’Eglise n’est pas à cantonner à une époque, mais se déploie à travers le temps et à travers la vie du monde.

Le mois d’octobre est traditionnellement orienté vers la Mission, et commence par la fête de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, proclamée « patronne des missions » par le Pape Pie XI. Nous comprenons avec cette figure carmélitaine qu’il ne s’agit pas seulement de grands voyages. De fait, la mission commence par ce désir profond du cœur chrétien que tous les hommes puissent connaître le visage du Christ ! C’est ainsi que nous pouvons dire que la mission commence dans la prière fidèle, en demandant, par l’intercession des missionnaires, que tout homme puisse avoir la joie de parvenir à la vérité de la Révélation, jusqu’à la conversion de celui qui semble le plus éloigné de Dieu !

Cette persévérance de sainte Thérèse dans la prière et la compassion pour les pécheurs, est un exemple pour nous, parce que cela signifie que nous ne pouvons pas rester dans une sorte de fatalisme désolé et désolant, qui consisterait à penser que la conversion de nos frères ne nous concerne pas.

La figure de la Bienheureuse Pauline Jaricot donne encore un peu plus d’écho à cet aspect de notre vie chrétienne. En effet, en fondant l’œuvre de la Propagation de la Foi, elle n’imaginait sans doute pas que son initiative prendrait une telle ampleur, jusqu’à devenir l’une des 4 œuvres retenues par le Pape Pie IX pour la mission ad gentes. Les Œuvres Pontificales Missionnaires, qui en sont la conséquence, assument aujourd’hui une grande partie du soutien aux Eglises naissantes.
Elle nous montre que l’audace missionnaire n’est pas avant tout le fruit de grands plans, projetés avec une certaine maîtrise industrieuse, mais qu’au contraire, elle est le fruit patient d’une vie mise au service de l’œuvre de Dieu, avec humilité et persévérance. Notre société contemporaine est teintée d’un besoin de réussite visible et immédiate, mais l’œuvre de Dieu est patiente et nécessite une persévérance qui frise l’abnégation.

D’une manière très concrète, nous pouvons retrouver cela dans les divers aspects de nos vies : familiale, professionnelle, amicale, sociale et paroissiale. C’est ainsi chacune de nos journées qui devrait se terminer par cette question : « comment, aujourd’hui, ai-je permis à quelqu’un de découvrir le visage bienveillant de Dieu ? ». Certains comprendront peut-être qu’ils sont appelés à offrir leur vie généreusement pour annoncer le nom du Seigneur, d’autres saisiront que c’est dans leur vie quotidienne, au cœur de leur devoir d’état, qu’ils ont à honorer cette dimension incontournable de notre vie chrétienne.

Mais tous doivent se rappeler qu’être chrétien, c’est être, par nature, missionnaire…

Abbé Benoît De Roeck +