Dans l’éditorial du Ramallet de l’été 2021, le chanoine Soulet rappelait combien la présence de la Vierge Marie se retrouvait sur l’ensemble du territoire de notre diocèse, avec la belle diversité de ses vocables. Si je devais parler de mes différentes paroisses passées, je citerais bien sûr ND de la Salvetat à St Féliu d’Amont, ND de Forçà Real… En ce mois de mai, où nous honorons d’une manière particulière la Sainte Vierge, nous pouvons constater également combien elle est présente dans nos églises paroissiales.

Ici, au cœur de Perpignan, la tradition mariale a aussi un grand impact. Ainsi, de ND dels Correcs à ND des douleurs, en passant par les retables mariaux, jusqu’à la Vierge Marie s’élevant vers la Gloire céleste à l’Assomption dans le chœur de La Real, nous la voyons présentée de diverses manières, révélant la multitude des recours dont elle est la médiatrice dans le cœur des hommes. Cette grande diversité de vocables vient répondre à la grande diversité des aspirations du cœur de l’homme qui s’expriment dans la prière. Ainsi, comme en écho aux psaumes qui manifestent les colorations des demandes humaines, les différents visages de la Bienheureuse Vierge Marie répondent maternellement à ces besoins exprimés de manière si variée.

Ces demandes touchent à l’intimité du cœur, à la fragilité des vies, à la joie ou à l’épreuve rencontrées.

Tout ce qui fait la vie des hommes s’exprime ainsi devant Dieu et la Vierge Marie apparaît comme cette oreille attentive et ce cœur maternel qui accueille, réconforte et apaise, en raison de sa proximité avec Jésus et de la manière dont elle a su l’accompagner au long de son pèlerinage terrestre.

Ainsi, chaque année, notre diocèse se met en pèlerinage vers Lourdes pour présenter à la bienveillance maternelle de la Vierge Marie les fragilités humaines qui parsèment nos territoires et nos vies, faisant le lien entre ces fragilités du corps, de l’âme, de l’esprit et la tendre présence de la Mère de Dieu venue rappeler aux hommes le chemin de la conversion qui mène à la Source du Salut.

D’une manière toute particulière, nous allons également vivre avec la confrérie des Saintes Epines le dixième anniversaire de sa refondation. Le privilège dont nous jouissons à Perpignan, en y gardant les Saintes Epines, nous rappelle à ces devoirs de chrétiens dont nous héritons de nos pères et qu’il nous faut veiller à ne pas oublier ni négliger. Ces trésors, dont nous sommes héritiers, nous engagent et je ne peux qu’encourager tous ceux qui s’investissent dans les confréries, associations et autres œuvres pieuses qui reprennent de la vigueur sur notre territoire.

En effet, comme la Vierge Marie, nous sommes appelés à nous rendre proches du Christ, afin de partager de cœur et d’âme le mystère de la Rédemption qui s’accomplit. Cet engagement humain et spirituel prend de nombreux visages qui reflètent la beauté et la noblesse de l’âme de chacun. Et c’est là le vrai trésor qui compte lorsque nous nous plaçons en vérité devant Dieu.

Ainsi, lorsque nous regardons le visage de la Mère de Dieu, avec ses différents aspects, ses reflets dans le cœur de gens, ses vocables, nous saisissons que, si chacun regarde d’une manière particulière cette Mère en raison de son histoire avec elle, de son mode de présence ou de ses affinités, en réalité, c’est toujours la même Mère du Christ, unique et irremplaçable qui demeure à travers les siècles comme celle qui a été donnée à l’Eglise.

La stabilité de cette figure maternelle, insensible aux affres du temps et aux modes du monde, nous enseigne cette stabilité fondatrice qui nous aide à avancer sereinement sur les voies que le Seigneur nous montre et que la Bienheureuse Vierge Marie nous enseigne.

A travers l’histoire des apparitions mariales, nous recevons un même enseignement qui nous pousse à ne surtout pas négliger les appels de l’Evangile à la conversion, ainsi que ceux de la Vierge Marie à regarder son Fils. Dans l’élan de la Résurrection du Christ et alors que nous nous apprêtons à vivre la Pentecôte avec les Apôtres, nous voyons une fois encore la Bienheureuse Vierge Marie nous enseigner une forme de docilité qui n’est autre que l’obéissance confiante dans les appels et les enseignements de la Trinité Sainte.

D’une manière toute particulière, après nous être réjouis des parcours baptismaux des adultes et adolescents qui ont reçu le Baptême à Pâques, nous pouvons entourer d’une prière amicale et spéciale ceux qui, dans les semaines et mois à venir, recevront les sacrements de l’initiation, tels que le Baptême, l’Eucharistie ou la Confirmation. Les demandes sont nombreuses et les cœurs se laissent toucher, à l’image de ce cœur marial, qui appelle à la même fidélité et à la même pureté d’intention.

Le fait de savoir nous réjouir pour tout cela n’est pas anodin, ni sans effet. Notre cœur ne peut rester indifférent à la beauté de l’œuvre divine qui s’accomplit à travers le temps malgré les raideurs et les rudesses de notre époque. Ainsi, le don de la Vierge Marie comme Mère pour tous les hommes, à l’heure de la Croix, était un signe si particulier de cet amour unique du Christ  ,un cadeau si irremplaçable, qu’il provoque et accompagne cette joie qui saisit le cœur des hommes à travers tous les méandres de leurs vies.

Marie, dont les reflets éclairent si bien nos vies, accompagnez-nous encore vers votre Fils !

Abbé Benoît De Roeck +