Mission possible !

lundi 1 novembre 2021

Tous les chrétiens incorporés au Christ et à son Eglise par le baptême sont consacrés à Dieu. Ils sont appelés à professer la foi qu’ils ont reçue. Par le sacrement de Confirmation en outre, l’Esprit-Saint leur donne une force spéciale pour témoigner du Christ et participer à sa mission de salut. Tout chrétien laïc est donc un chef-d’œuvre de la grâce de Dieu et il est appelé aux sommets de la sainteté. Il n’existe pas de «laïc ordinaire» parce que tous vous avez été appelés à la conversion par la mort et la résurrection de Jésus-Christ. En tant que peuple saint de Dieu, vous êtes appelés à remplir votre rôle dans l’évangélisation du monde … Saint Jean-Paul II

Le texte de saint Jean-Paul II mis en exergue de cet article vous rappelle votre double vocation de laïcs : appelés aux sommets de la sainteté (avec les saints que nous célébrons au jour de Toussaint) et appelés pour l’évangélisation du monde … en tant que peuple saint de Dieu.

Cette appellation peut résonner étrangement après la publication le mois dernier du rapport de la CIASE. Une terrible humiliation pour notre Eglise et le rappel cinglant que la sainteté ne lui vient pas d’elle, mais du Christ dont elle est le Corps que le péché de ses membres entache et appesantit.

Autre coup de massue fut le résultat des sondages réalisés avant le Congrès Mission, révélant que 51 % des Français de plus de 18 ans ne croient pas en Dieu et sont sans quête spirituelle ni questionnement sur le sens de la vie et son au-delà.

Les bras nous en tombent, et la démission nous guette plus que la mission ne nous attire.
Une expression entendue lors d’une table-ronde durant ce Congrès Mission m’a frappé : « le christianisme commence aujourd’hui ».

Devant tant d’épreuves, nous aurions plutôt tendance à considérer qu’aujourd’hui le christianisme est fini, qu’il ne peut avoir d’avenir. Ce qui nous conduit à un repli identitaire de défense dans les derniers bastions.

Considérer au contraire que le christianisme commence aujourd’hui nous pousse à la mission, dont nous ne pouvons que reconnaître l’urgence, et à offrir ce que la foi chrétienne peut apporter au monde plutôt qu’à retenir ce que le monde voudrait lui arracher.

Il nous faut donc être présents au monde « à la bonne hauteur », c’est-à-dire avec humilité mais sans s’écraser et avec audace mais sans écraser.

Qui pourrions-nous donc écraser après toutes les abominations commises par les nôtres ? Mais que cette humiliation soit source d’authentique repentir et nous relève dans une saine humilité, qui n’est pas la négation de tout ce que nous avons encore et toujours à apporter à nos frères humains.

Et l’Eglise n’a jamais rien eu d’autre à apporter que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié, comme saint Paul l’exprime avec force : « Je n’ai rien voulu savoir parmi vous, sinon Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié….. ma parole et mon message n’avaient rien des discours persuasifs de la sagesse des hommes ; c’était une démonstration d’Esprit et de puissance » (1Co 2, 2.4).

L’Apôtre s’y connaissait en faiblesse, lui qui avait été un violent persécuteur et ne pouvait se recommander que de la miséricorde que le Seigneur lui avait prodiguée.

Nous dont la faiblesse est aujourd’hui criante et nous est violemment envoyée à la figure, nous ne pouvons qu’espérer en la puissance de Dieu.

Tout au long de la Bible d’ailleurs, l’histoire du Peuple de Dieu nous montre que le petit reste auquel il a été réduit, le plus souvent comme conséquence de son péché, a été témoin de la puissance de Dieu à l’œuvre.

Ce Congrès Mission nous a justement donné d’être témoins de cette même puissance tant dans les initiatives missionnaires que dans leur résultat. Certes rien de grandiose ni qui soit médiatisé, mais bien des semences gorgées d’Espérance.

Et qui nous invite à passer d’une pastorale de maintenance pour conserver ce qui peut encore l’être, même si ça se réduit comme peau de chagrin, à une pastorale missionnaire de sortie, qui témoigne et propose de multiples façons la Bonne Nouvelle.

C’est cette sortie que promeut le pape François, en osant avancer au large, vers ces périphéries, en particulier ceux à qui l’Ecriture dédie la première annonce de la Bonne Nouvelle et auxquels le Saint-Père a dédié ce deuxième Dimanche de novembre : « Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres »(Is 61, 1 et Lc 4, 18). Et notre monde est riche de toutes sortes de pauvretés.

Le champ missionnaire est donc largement offert. Pauvres que nous sommes, avançons-nous !

Père Jean-Paul Soulet