Appelés, Ordonnés, Consacrés

lundi 25 avril 2022

Le mois dernier , nous évoquions l’appel au baptême, baptême par lequel Dieu se constitue un peuple de disciples-  missionnaires. De ce peuple Jésus est le Pasteur : il lui ouvre le chemin.

Jésus seul nous conduit vers le Père ; Jésus seul peut nous conduire à Dieu, son Père et notre Père.

Parce qu’il est Dieu, il est UN avec le Père ; parce qu’il est Homme, il est UN avec l’humanité.

Il est donc la Porte, tourné vers Dieu, tourné vers l’Homme (Jn 10 ,9)

Il est aussi le Chemin, de Dieu vers l’Homme, de l’Homme vers Dieu (Jn 14,6).

Et Il est le Guide et le Pasteur, le seul Pasteur pour conduire l’Homme à Dieu, pour faire entrer l’Homme dans la communion de Dieu. C’est le Christ ressuscité qui, par toute sa vie, par sa mort et sa résurrection, a ouvert à l’Homme le chemin vers Dieu.

Mais, puisque Dieu s’est fait Homme, il ne peut, il ne veut rien faire sans l’Homme, sans des médiations humaines, des vocations de pasteurs par exemple. L’Eglise demande au Seigneur des prêtres qui soient le visage du seul Pasteur, qui lui offrent leurs mains, leur voix, leur être et toute leur vie pour que, à chacun, de génération en génération, le chemin vers Dieu soit toujours ouvert, toujours offert. Des hommes qui donnent leur vie pour donner la vie du Christ, ouvrir le Chemin de Vie aux Hommes.

Des vocations de diacres aussi, qui soient témoins, par leurs actes et leurs engagements, de la vocation première, de la vocation royale du baptisé qui est de servir, de servir l’Homme dans tout ce qui contribue à l’humaniser davantage ; et rien ne l’humanisera jamais autant que de connaître Dieu .Et encore des vocations de consacrés , religieux ou religieuses, des hommes et des femmes qui soient aujourd’hui signes, jalons , repères sur ce chemin d’absolu.

Les vocations , c’est dans l’Eglise l’affaire de tous. Nous sommes  tous concernés.

Même si nous sommes dans des communautés favorisées où les célébrations sont nombreuses, nous sentons bien que cette richesse est menacée. A notre porte, bien des villages n’ont même plus l’Eucharistie dominicale régulière.

Alors il faut nous mobiliser pour les vocations ; ce n’est pas une motivation passagère : c’est un devoir permanent !

Nous mobiliser, mais comment ?

Ayons d’abord une conception saine et juste de la vocation.

Ce que je vais dire du prêtre peut évidemment se transposer aux diverses autres vocations spécifiques.

Le prêtre ne doit être conçu ni présenté, aux enfants et aux jeunes, comme un sur-homme, ni comme un sous-homme.

Le prêtre n’est pas un sur-homme, il n’y a qu’à voir ! un superman, un surdoué.

Pas besoin, pour être prêtre, même si ça ne gâte rien, d’être bardé de diplômes, ni d’être doté de qualités exceptionnelles, ni d’être ficelé de vertus. Il y a des façons de mettre le prêtre sur un piédestal qui le coupe des réalités humaines avec lesquelles chacun se débat, y compris le prêtre ! La vocation n’est pas un concours de saut à la perche : si la barre est placée trop haut, même les volontaires se décourageront d’avance.

Pour autant, le prêtre n’est pas un sous-homme, une tare, un moins que rien, incapable de vivre normalement, de comprendre les réalités ordinaires, d’assurer le bonheur d’une famille, de travailler comme tout le monde et Dieu sait ce que l’on peut dire encore. Dénigrer le prêtre, les prêtres que l’on a, c’est le meilleur moyen de ne plus en avoir.

Le prêtre, comme tout chrétien, comme tout être humain, va à ce à quoi il est appelé avec tout ce qu’il a, avec tout ce qu’il est, qualités et défauts, vices et vertus, et il n’a pas moins qu’un autre besoin de l’indulgence de ses frères et de la miséricorde de son Dieu.

Il faut présenter la vocation comme une question normale pour tout jeune  qui se demande : « Que vais-je faire de ma vie ? », « Qu’est-ce que le Seigneur veut que je fasse de ma vie ? », sachant que ce qu’Il veut est toujours et le meilleur pour moi et le meilleur pour le service de mes frères.

Il faut présenter particulièrement aux jeunes, dont nous sommes les éducateurs, mais aussi  les parents -et là, c’est parfois plus difficile- la vocation comme une façon tout-à-fait normale d’engager sa vie au service de Dieu, au service de l’Eglise et au service du monde, et finalement au service de son propre épanouissement, présent et définitif.

Prêtre, diacre, religieuse ou religieux, pourquoi pas ? Pourquoi pas moi ? Pourquoi pas toi ?  Ça ne dépare pas au milieu des autres choix et possibilités : médecin, maçon ou pompier.

La vocation ne doit plus faire peur ! Parents, grands-parents, croyez-moi : le prêtre ou le diacre, la religieuse ou le religieux sont des gens heureux, comme le médecin, le maçon ou le pompier sont des gens heureux, heureux d’être là où ils peuvent faire fructifier les talents que le Seigneur dépose entre leurs mains pour le bien d’autrui. C’est cela la vocation !

Mais pas de prêtres heureux, pas de prêtre du tout, pas plus que d’autres vocations, si la communauté, si chaque chrétien, n’est pas témoin de joie et de vie.

La vocation est une graine ,la communauté est son terreau. Si le terreau se dessèche, devient imperméable à la grâce, à la vie, à la joie qui viennent de Dieu, du Christ ressuscité, la graine de la vocation se meurt.

Faites le bonheur de vos prêtres et soyez appelants aux vocations en vivant toujours plus selon l’Evangile. Ainsi vous aiderez les jeunes, et croyez qu’ils y sont sensibles, à comprendre que Dieu ça vaut le coup, que l’Evangile ça vaut la  peine, que Jésus vaut bien qu’on lui donne toute sa vie .

Soyez heureux d’être chrétiens, et vous serez heureux d’avoir des prêtres, des diacres, des consacrés, heureux de rendre heureux ceux qui suivent leur vocation particulière, au milieu même des difficultés .

Soyez des chrétiens bien vivants, joyeux et agissants, et vous verrez vivre, s’épanouir et grandir des vocations.

Dieu le veuille ! Et pour cela il faut le lui demander : en matière de vocations comme en tout autre, le dernier mot, comme le premier, est à la prière.

Père Jean-Paul Soulet +