Comment cela sera-t-il ?

mercredi 1 septembre 2021

C’est la question de Marie à l’ange Gabriel le jour de l’Annonciation (Lc1,34).
Marie ne doute pas que « cela » sera, à savoir la conception de Jésus en elle, mais elle demande comment cela sera.
Par contre, une question analogue de Zacharie au même ange Gabriel envoyé pour lui annoncer la naissance de son fils Jean Baptiste : « A quoi reconnaîtrai-je ceci ? » (Lc1,18), exprime le doute du vieil homme qui voudrait un signe.
Marie, elle, demande que sa foi en la parole qui lui a été dite de la part du Seigneur soit éclairée. Car elle ne connaît pas d’homme.
La réponse de l’ange annonce la conception de Jésus par l’opération du Saint Esprit et donc sa filiation divine (Lc1,35–37).
C’est donc non seulement la foi de Marie qui est éclairée, mais toute la foi de l’Eglise, notre foi en Jésus Fils de Dieu et tout autant Fils de Marie, qui est fondée ici.
Grâce à la question de Marie, désireuse de comprendre ce en quoi elle croit déjà.
Bienheureuse foi qui cherche à comprendre !

« Croire pour comprendre, comprendre pour croire ».
Cet adage augustinien repris par saint Anselme, nous appelle à cultiver l’intelligence de la foi.
Croire n’est pas irrationnel.
La foi n’a pas à craindre la raison, pas plus que la raison n’a à craindre la foi.
L’une et l’autre se secourent pour appréhender l’épaisseur de la réalité.
Le pape saint Jean Paul II écrivait dans l’encyclique Fides et ratio que foi et raison sont comme les « deux ailes de l’âme ». Se  dispenser de l’une ou de l’autre, c’est s’amputer.

C’est pourquoi nous évoquons dans ce numéro la question de la formation chrétienne.
L’occasion nous en est donnée par le démarrage d’un nouveau cycle de formation théologique diocésaine.
Mais la formation chrétienne commence à la base par l’éveil à la foi et la catéchèse des enfants. Avant d’être pris en charge par l’Eglise, c’est là la responsabilité de la famille.
Le beau tableau que nous avons reproduit en couverture l’illustre. Il s’agit de l’Education de la Vierge, une œuvre d’Antoine Guerra le Jeune de la fin du XVIIe siècle, accroché dans le chœur de la cathédrale, au-dessus de la porte de la sacristie.
Marie est représentée, enseignée à partir du livre des Saintes Écritures par sa mère sainte Anne sous la vigilance de son père saint Joachim.

Modèle de l’éducation religieuse de l’enfant, dans ses racines familiales. Éducation qui a permis à la Vierge, au jour de l’Annonciation, de croire en la parole de l’ange et, après l’avoir bien comprise, d’y acquiescer.

 Le défaut d’éducation religieuse rend les jeunes générations ignorantes de la dimension spirituelle de la vie humaine et du surcroît d’humanité qu’elle peut apporter, disposées à se contenter d’ersatz de spiritualité parfois frelatés. Et de plus les clés de compréhension de bien des œuvres culturelles leur sont perdues.
La formation, c’est aussi de les leur redonner, pour nous par exemple en mettant à profit le merveilleux « livre d’images » que constitue le patrimoine de nos églises.

Dès l’enfance donc et à tous les âges, la foi doit être éclairée, approfondie, réfléchie.
Vous trouverez dans ce bulletin quelques moyens qui vous sont proposés pour cela dans notre communauté de paroisses,…..de 7 à 107 ans ! Des moyens aussi simples à la base que d’ouvrir un livre, de consulter une revue,….

Mais si la foi demande à être enracinée, dans un monde qui lui est parfois hostile et où les vents sont contraires, c’est pour porter des fruits.
La formation, quelle qu’en soit la forme, n’est jamais un en-soi.
Elle n’a pas sa fin en elle-même, mais elle doit être ordonnée à la mission
. La mission pour partager les  fruits que la formation aura fait porter à la foi.
La mission, c’est le témoignage, en paroles comme un actes, c’est la charité à mettre en œuvre.
La charité de partager le trésor sans prix qu’est la connaissance de Jésus-Christ et de venir en aide à toutes formes de pauvreté et de détresse : spirituelles, morales ou matérielles. Le Congrès Mission que nous sommes invités à vivre le mois prochain à Toulouse nous en offrira mille exemples.

Le Maître de la formation comme de la mission chrétiennes,  c’est l’Esprit Saint.  Avant Pentecôte, qu’est-ce que les Apôtres avaient compris du mystère de Jésus-Christ ? Et que pouvaient-ils penser devoir en faire ? Tandis qu’après la Pentecôte, ayant reçu l’Esprit Saint, Pierre expose la foi en Jésus Ressuscité (Ac2,14–36) et les Douze se lancent à en témoigner.

C’est l’Esprit qui donne de croire, de comprendre en qui l’on croit, d’en vivre et d’en rayonner.

Père Jean-Paul Soulet