Appelés au Mariage

lundi 30 mai 2022

Appels au baptême, appels aux ministères  ordonnés ou à la vie consacrée, que nous évoquions les deux mois précédents, tous les appels de Dieu viennent ou sont confirmés par des médiations humaines.

Car l’être humain est par nature, relationnel.

Il est fait par et pour la relation. C’est ainsi qu’il est à l’image de Dieu. De Dieu–Trinité qui en lui-même est relation.
C’est ce qu’exprime la Bible dès le premier récit de création : « à l’image de Dieu il le créa, homme et femme Il les créa »(Gn 1,27 ). D’emblée la relation, la relation de base qui constitue l’humanité : la relation homme–femme.
Le second récit de création donne le sens de cette création différenciée : « Le Seigneur Dieu amena la femme vers l’homme » dit ce récit (Gn 2,22 )
Pour dire que l’attrait réciproque de l’homme et de la femme n’est pas qu’une loi naturelle. C’est bien plus : c’est Dieu qui amène l’homme et la femme à se rencontrer, parce que c’est Dieu qui a fait la femme pour l’homme et l’homme pour la femme.
L’attrait naturel de l’homme pour la femme, c’est un appel de Dieu inscrit dans la nature humaine.
Et un appel de Dieu ça a un nom : c’est une vocation. L’homme a vocation à la femme et la femme a vocation à l’homme.
Le mariage est ainsi le sceau, la réponse, le oui mutuel d’un homme et d’une femme à leur vocation d’être l’un pour l’autre, l’un par l’autre, l’un à l’autre.

Une réponse à l’appel de Dieu fondé sur la fidélité de Dieu.

Dieu qui est Amour est la substance même du mariage : l’amour qui unit l’homme et la femme. Dieu -Trinité qui est Un, unit ceux qui s’aiment dans leur différence radicale d’homme et de femme. « Les deux ne feront qu’un »(Mt 19,5 ). Un comme Dieu, c’est-à-dire dans le respect sacré de leur différence.
La différence dans le mariage n’est pas à craindre, mais à cultiver comme une grâce de Dieu. En étant pleinement eux-mêmes dans toutes les dimensions de leur être, en se respectant mutuellement dans tout le déploiement de leur être, les époux sont unis comme Dieu est Un dans la fécondité de la différence.
À l’heure où l’on voudrait estomper cette différence fondamentale entre homme et femme au sein de l’humanité, il est certainement nécessaire de rappeler que l’égalitarisme, la confusion des genres qui ne respectent pas cette différence, ne servent pas la véritable égalité ni l’unité. Il ne peut y avoir d’unité que dans le respect et la valorisation des justes différences et distinctions. La confusion ne fait jamais l’unité.
De cette grâce d’unité qu’ils puisent entre eux ,qu’ils puisent en Dieu, les époux peuvent féconder toutes les relations constitutives de leur vie au travers de leurs divers engagements, familiaux, professionnels, sociaux, amicaux.
Le monde a besoin, plus il tourne vite et se trouve menacé par des forces centrifuges, de témoins de stabilité et d’unité. Les couples peuvent en être.
L’Eglise a besoin, plus est urgente sa mission de réconciliation et de paix, de témoins d’équilibre et de pardon. Les couples peuvent en être, car leur unité ne peut être que le fruit de leur capacité à vivre le pardon.
On comprend combien les couples ont besoin de soutiens et de témoins pour cheminer avec eux dans la quête persévérante de l’unité. D’où l’importance des communautés, des associations et des mouvements conjugaux et familiaux.
Mais le soutien premier et ultime bien sûr, c’est Dieu lui-même qui jamais n’abandonne ceux qu’Il appelle sur le chemin qu’Il leur ouvre.
Saint Jean Paul II écrivait dans Redemptoris custos :

« En recevant le sacrement du mariage, les chrétiens participent au dessein créateur de Dieu et reçoivent les grâces dont ils ont besoin pour accomplir leur mission, pour éduquer et former les enfants et répondre à l’appel de la sainteté. »

L’appel de la sainteté !

Voilà le fin mot de tout appel de Dieu : baptisé(e)s, ordonnés, consacré (e)s, ou marié(e)s, tous nous sommes appelés à la sainteté, chacun selon sa vocation propre.
Le Concile Vatican II a bien souligné cet appel universel à la sainteté, lui consacrant tout un chapitre de la constitution dogmatique sur l’Eglise, Lumen gentium.

« Ils entendirent la voix du Seigneur »(Gn3,8). L’appel persistant de Dieu au-delà du péché de l’homme, la recherche effrénée de l’homme par Dieu : « Où es-tu ? » (Gn3,9) aboutit en Jésus -Christ, en qui Dieu rejoint l’homme dans une alliance indéfectible.

« Bienheureuse faute qui nous a valu un tel Sauveur » s’écriait Saint Augustin.

La réponse de l’homme à l’appel de Dieu, dont nous avons décliné différentes formes dans ces trois numéros de notre bulletin, consiste toujours à appeler de tout son désir le Seigneur Jésus : « Notre Seigneur, viens! » (App 22,20).

En lui et en lui seulement toute vocation trouve son sens et son épanouissement final.

Père Jean-Paul Soulet +