Tous disciples du Dieu UN
Chaque année est célébrée la Semaine de Prière pour l’Unité des Chrétiens, qui commence invariablement le 18 janvier pour s’achever le 25, Fête de la Conversion de saint Paul.
Saint Paul que le Seigneur, sur le chemin de Damas, a converti de persécuteur en bâtisseur de l’Eglise.
Trop longtemps les différentes églises et confessions chrétiennes se sont mutuellement persécutées. Il nous faut laisser le Seigneur nous convertir en bâtisseurs d’unité.
L’unité non pas comme nous la rêverions peut-être, le rassemblement des semblables, dans la douce quiétude d’un entre-soi, mais l’unité, comme nous le fait dire la prière en encart : « telle que Tu la veux, par les moyens que Tu veux. »
L’unité n’est donc pas une tactique pastorale à mettre en œuvre par des concessions, compromis ou compromissions, mais un don de Dieu à accueillir par une démarche de conversion.
L’unité est le don que Jésus a demandé à son Père pour ses disciples de tous les temps, au soir du Jeudi-Saint :
« que tous soient un comme nous sommes UN, afin que le monde croie que tu m’as envoyé » (Jn 17, 22.23).
L’unité a donc exactement son modèle et sa source en Dieu Trinité qui vit en ses Trois Personnes l’union sans la confusion et la distinction sans la séparation. Et qui veut que nous vivions de même en Eglise.
L’unité est une exigence car elle est la condition de la fécondité de la mission de l’Eglise : « afin que le monde croie….. ».
C’est pourquoi l’Eglise prie, au cœur de chaque eucharistie, pour son unité. Après le Notre-Père, qui nous rappelle à être frères, et avant la communion eucharistique, qui nourrit notre communion en Dieu, le prêtre dit en effet : « pour que ta volonté s’accomplisse, donne-lui (à l’Eglise) toujours cette paix et conduis-la vers l’unité parfaite. »
L’unité est le chemin sur lequel l’Eglise sait devoir se laisser conduire par la volonté de Dieu mais dont elle sait aussi qu’il est facile de se détourner. L’Ecriture nous en donne déjà des exemples :
- La première communauté chrétienne est présentée dans le livre des Actes des Apôtres comme n’ayant « qu’un cœur et qu’une âme » (Ac4,32). Mais immédiatement après, cette vision idéale est déchirée par le mensonge frauduleux d’Ananie et de Saphire (Ac5, 1–11).
- Dès le début de la première lettre aux Corinthiens (1Co1, 10-16), l’apôtre Paul dénonce vigoureusement les discordes et les divisions partisanes entre les fidèles de cette communauté de Corinthe, les uns se réclamant de Paul lui-même, d’autres de Pierre, d’autres d’un autre prédicateur : Apollos, et d’autres encore directement du Christ de préférence à tout apôtre.
- Et dans l’épître aux Galates saint Paul met en garde ses frères en des termes très forts qui trahissent le grand péril où leurs oppositions les mettent : « si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde que vous allez vous entre-détruire » (Ga 5, 15).
Le fruit vénéneux de la division, c’est l’autodestruction de la communauté. Hier comme aujourd’hui.
On est encore au premier siècle de notre ère lorsque saint Clément, troisième successeur de saint Pierre, met l’arrestation et le martyre de Paul et Pierre sur le compte de jalousies et de trahisons au sein de l’Eglise à Rome.
Ces quelques exemples de graves divisions dans l’Eglise primitive, et tant d’autres que nous trouvons tout au long de l’histoire de l’Eglise, ne doivent pas nous consoler des divisions actuelles :
- Celles qui persistent entre confessions chrétiennes différentes, avec une démarche œcuménique qui semble marquer le pas et peu intéresser le commun des fidèles.
- Celles qui menacent ou traversent déjà notre propre Eglise catholique. On sait combien la personnalité, les initiatives et l’enseignement du Saint-Père peuvent être remis en cause. Et combien la crise sanitaire d’une part et la crise des abus sexuels d’autres part, secouent l’Eglise en France et provoquent des critiques plus ou moins ouvertes et acerbes contre nos Évêques.
- Celles qui fragilisent notre communauté locale où la grande diversité qui existe dans le clergé comme chez les fidèles ne manque pas de provoquer des tensions plus ou moins palpables.
Oui, à tous niveaux, l’unité est bien un défi majeur à relever et devrait être décrétée grande cause ecclésiale. Car il y va de la vie et de la mission de l’Eglise.Il nous faut entendre la parole du Seigneur à Caïn, irrité contre son frère Abel : « si tu n’es pas bien disposé, le péché n’est-t-il pas à la porte, une bête tapie qui te convoite ? Pourras-tu la dominer ? » (Gn4, 7). Et Cain tua Abel.
La division est fratricide.
Dans une interview parue dans La Croix du 19 novembre 2021, le Père Timoner, Maître des Dominicains, a cette belle image :
« Nous sommes tous sur un même chemin vers Dieu. Mais certains marchent à gauche de la route, d’autres à droite. Les polémiques n’aident pas à nous rendre compte que la route est très large et qu’il y a de la place pour les différences. La difficulté est de faire admettre à ceux qui sont d’un côté qu’ils sont sur la même route que ceux de l’autre. »
Or de chemin nous n’en avons qu’un, tous le même, c’est le Christ. C’est Lui qu’il nous faut supplier et écouter car en Lui seul est notre unité.
Père Jean-Paul Soulet
PRIÈRE POUR L’UNITÉ
Seigneur Jésus, qui, à la veille de mourir pour nous, as prié pour que tous tes disciples soient parfaitement un, comme Toi en ton Père et ton Père en Toi, fais-nous ressentir douloureusement l’infidélité de notre désunion.
Donne-nous la loyauté de reconnaître et le courage de rejeter ce qui se cache en nous d’indifférence, de méfiance et même d’hostilité mutuelles.
Accorde-nous de nous rencontrer tous en Toi, afin que, de nos âmes et de nos lèvres, monte incessamment ta prière pour l’unité des chrétiens, telle que Tu la veux, par les moyens que Tu veux.
En Toi, qui es la charité parfaite, fais-nous trouver la voie qui conduit à l’unité dans l’obéissance à ton amour et à ta vérité.
Amen !