Choisis la Vie !
Dans les grands débats d’actualité, celui de la fin de vie agite nos préoccupations, avec la programmation de la loi sur ce sujet. Au cœur de notre temps de Carême, nous cherchons à vivre une conversion par les leviers qui nous sont donnés par l’Evangile même : jeûne, prière et aumône. Ce dernier pilier prend une résonnance particulière, quand nous lisons ce projet de loi à la lumière de l’Evangile et de l’enseignement de l’Eglise. En effet, l’aumône consiste à porter une attention particulière au plus pauvre et au plus faible, à celui qui paraît comme rejeté de la société.
Au-delà du seul effort financier, auquel chacun de nous est appelé pour soutenir les plus fragiles, que ce soit autour de nous, comme à l’autre bout du monde, cette attention pour le pauvre s’exprime dans la défense de celui qui est le plus vulnérable. C’est le cas de la personne en fin de vie, tout autant que de l’enfant à naître, de la personne handicapée, de ceux dont les situations familiales les mettent en danger, et cette liste n’est pas exhaustive.
L’Evangile du 5° dimanche de Carême, à la fin du mois de mars, nous rappelle le récit de Lazare, dont la mort semblait être victorieuse. Alors que ceux qui l’entouraient étaient résignés à la victoire de la mort, la voix de Jésus est venue proclamer la force de l’Espérance : « Enlevez la pierre ». Cette parole de Jésus peut être entendue en ce temps de Carême dans un double sens : enlevez la pierre du tombeau, c’est-à-dire ne laissez pas la mort être victorieuse, ou enlevez la pierre de vos cœurs, c’est-à-dire ne laissez pas votre cœur sourd aux appels.
Cette pierre du tombeau semble bien lourde et écrasante pour tous ceux qui la vivent comme une frontière définitive et infranchissable. Pour beaucoup, elle peut prendre la forme de la maladie, du découragement, des désunions, de l’incompréhension. Tout cela révèle encore tant de vulnérabilités. C’est précisément lorsque l’homme est confronté à tout ce qui l’accable qu’il a besoin d’entendre la parole d’Espérance : tu es appelé à voir plus loin que la pierre du tombeau qui n’est pas faite pour demeurer cette porte infranchissable.
Le propre de la vie chrétienne est de ne plus laisser la mort être victorieuse. Que ce soit dans les épreuves de ce monde et de nos vies, qui semblent parfois infranchissables, ou encore dans la finitude de notre pèlerinage terrestre, la mort n’est plus la réponse inéluctable. La victoire de la Résurrection, qui ouvre la Promesse de la Vie éternelle, est la nouvelle réponse scellée dans la Christ, la réponse que nous allons célébrer joyeusement à la fin de ce Carême.
Les épreuves ne sont pas supprimées, mais nous sommes appelés à les vivre différemment, en puisant notre force dans cette Espérance qui dépasse tous les raisonnements humains.
C’est cette même espérance qui nous permet de reconnaître que, déjà, la vie que nous partageons sur cette terre ne se limite pas à une simple recherche de fraternité, ni à un soulagement immédiat des souffrances, mais qu’elle nous appelle à une fraternité nouvelle qui prend forme dans la compassion, dans le soin mutuel, dans l’attention au plus fragile. Il y a là la transposition concrète de la foi, de l’Espérance et de la Charité.
Dans cette dynamique, nous voyons bien que notre regard fraternel sur les plus fragiles ne peut suivre ni une mode, ni une idéologie : nous sommes renvoyés au cœur du mystère de notre humanité blessée, souffrante et pourtant déjà mystérieusement réhabilitée et transfigurée par le Christ Sauveur.
L’élan du Carême nous appelle à revenir à cette réalité fondamentale, à laquelle notre monde contemporain aspire, tentant vainement d’apaiser les souffrances, cherchant à les supprimer.
Aujourd’hui, une question nous est posée, celle qui guide notre désir de conversion : pouvons-nous choisir la mort, lorsque nous connaissons ce grand mystère de la Vie ? L’appel du livre du Deutéronome nous montre bien l’enjeu qui se noue, et qui est une lutte à la fois personnelle et communautaire :
« Vois ! Je mets aujourd’hui devant toi ou bien la vie et le bonheur, ou bien la mort et le malheur.
Ce que je te commande aujourd’hui, c’est d’aimer le Seigneur ton Dieu, de marcher dans ses chemins, de garder ses commandements, ses décrets et ses ordonnances. Alors, tu vivras et te multiplieras ; le Seigneur ton Dieu te bénira dans le pays dont tu vas prendre possession. Mais si tu détournes ton cœur, si tu n’obéis pas, si tu te laisses entraîner à te prosterner devant d’autres dieux et à les servir, je vous le déclare aujourd’hui : certainement vous périrez, vous ne vivrez pas de longs jours sur la terre dont vous allez prendre possession quand vous aurez passé le Jourdain. Je prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre : je mets devant toi la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix, en vous attachant à lui ; c’est là que se trouve ta vie, une longue vie sur la terre que le Seigneur a juré de donner à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob. » (Dt 30, 15-20)
Alors que nous nous préparons à accueillir la Lumière qui éclaire les ténèbres, lorsqu’à la fin de ce temps de Carême, nous serons témoins de la Lumière du Christ ressuscité, éclairant la nuit du monde par ce Cierge Pascal qui sera dressé, nous saisirons alors toute la puissance de cet appel qui a traversé les siècles et qui conduit nos pas jusqu’à l’éternité :
Choisis la vie ! (Dt 30, 19)
Abbé Benoît De Roeck +
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