Appelés au Baptême
« Ils entendirent la voix du Seigneur » (Gn 3,8.)
« Le Seigneur appela l’homme et lui dit : « Où es-tu ? » » (Gn 3,9.)
Dès le début de la Bible, sitôt consommée la transgression originelle, Eve et Adam entendent l’appel de Dieu. Dieu cherche l’homme qui se dérobe à lui.
« Notre Seigneur, viens ! » (Ap 22,20).
Au terme de la Bible, le long cri du croyant qui appelle son Dieu. L’homme cherche Dieu qui semble bien loin.
Comme si la Bible était le récit d’une longue partie de cache-cache entre Dieu et l’homme, l’un appelant l’autre et réciproquement, sans toujours le trouver. Cache-cache ou jeux d’amoureux.
Mais quand la rencontre a lieu, quand l’appel de Dieu trouve réponse en l’homme, quand la quête humaine est comblée par Dieu, alors quelle joie !
Une joie pascale que rien ne peut plus ravir. C’est la joie de Marie-Madeleine au matin de Pâques. Une joie qui naît comme l’étincelle d’un dialogue de feu.
Un dialogue pourtant réduit à sa plus simple expression : deux mots ! (Jn 20,16) :
« Marie » : Jésus Ressuscité appelle celle qu’il avait déjà délivrée du fardeau de ses péchés.
« Rabouni »( maître) : Marie-Madeleine répond à son libérateur que son cœur aime et qu’elle croyait perdu pour toujours.
La rencontre du Ressuscité rend la vie, provoque la foi et lance en avant.
Car si Marie-Madeleine voulait, bien humainement, retenir Jésus pour elle, Jésus l’envoie vers ses frères, pour témoigner en Eglise.
En Jésus-Christ, Dieu et l’Homme se trouvent, définitivement unis.
Le parcours de vie et de foi des catéchumènes, ces adultes qui demandent à recevoir le baptême, illustre parfaitement ce propos biblique.
Dieu appelle.
On ne peut en douter à voir et recevoir ces hommes et ces femmes qui viennent vers l’Eglise pour être baptisés.
Des catéchumènes qui ont tous des profils parfaitement dissemblables. L’âge, les conditions de vie, l’origine culturelle, tout ou presque les distingue et les différencie.
Seul l’appel de Dieu les rassemble. Et encore s’exprime-t-il pour chacun de façon propre et personnelle.
Pas un chemin de vie, fût-il de traverse, que le Seigneur ne puisse rejoindre. Le « Où es-tu ? » des origines humaines retentit toujours. L’appel se fait toujours entendre, pas toujours avec la même clarté, la même acuité. Mais Dieu n’a de cesse de chercher l’Homme, de toujours à toujours.
Et en tout être humain, il trouve un «Viens ! » La quête de Dieu est inscrite au tréfonds de l’Homme par nature, puisqu’il est à son image et ressemblance. Il y a là comme un aimant qui attire l’Amant qu’est Dieu.
Certes, ce « Viens ! » s’exprime souvent de manière confuse : une quête de sens, un désir diffus, un tilt dû à une rencontre ou un événement , un besoin de paix ou de pardon, la recherche d’un équilibre intérieur…
Dieu se cache et se révèle à la fois dans bien des replis de la vie humaine.
Toute la grâce et le travail de l’accompagnement des catéchumènes consiste dans l’art de favoriser la rencontre de cette femme, de cet homme, absolument unique, avec son Dieu révélé en Jésus-Christ.
Aussi utilisons-nous un parcours intitulé « Rencontre avec Jésus, le Christ » dans chaque étape et centré sur un passage de l’Évangile évoquant une des innombrables rencontres de Jésus.
À la grâce de Dieu, le catéchumène est ainsi conduit à prendre son propre chemin à la rencontre du Ressuscité.
Le catéchuménat est un catalyseur de cette rencontre : il la sert en la favorisant, mais elle reste foncièrement la rencontre de deux libertés.
Et quand elle a lieu, c’est la fête de Marie-Madeleine. La joie de s’entendre appelé par Dieu, reconnu dans son être profond, sauvé. La joie de répondre en confessant Jésus comme Maître, Seigneur et Dieu.
Joie pascale, en communion avec toute l’Eglise qui, au Jour de Pâques où elle célèbre la Résurrection du Christ, s’adjoint ces nouveaux membres que son Seigneur lui donne.
Car, comme Marie-Madeleine, les nouveaux baptisés ne sont pas invités à retenir pour eux le don qui leur est fait, mais à le faire fructifier en le partageant en Eglise.
Envoyée aux apôtres, Marie-Madeleine n’en reçut pas forcément un accueil enthousiaste (cf Mat 16,11 et Lc 24,11 ).
En Eglise, les néophytes ne reçoivent pas toujours l’accueil qu’ils méritent et on ne leur fait pas toujours place.
Alors qu’ils sont les témoins vivants que l’appel de Dieu retentit toujours aujourd’hui et rappelle à tous « les vieux » baptisés que rencontrer Dieu, c’est de la vie et la joie .
Père Jean-Paul Soulet +