L’Espérance ne déçoit pas !
Pour beaucoup, la période de l’automne et de l’hiver apparaissent comme des périodes moroses. Le froid s’installe et la lumière décline. Cependant, la joie de Noël vient bouleverser cette morosité ambiante. Les lumières et les couleurs arborées durant ces quelques semaines viennent répondre au message joyeux des anges annonçant que le Sauveur est né dans une étable, venant rejoindre la froideur de notre monde pour le réchauffer par sa proximité divine.
Les situations bien concrètes de nos vies quotidiennes ne changent pas pour autant, avec leurs tracas, incompréhensions, douleurs, deuils et maladies. Celles-ci prennent parfois tant de place que les journées semblent bien lourdes et longues et qu’il suffit d’un grain de sable pour mener au découragement.
Mais au-delà de ce constat, nous voyons que nombreux sont ceux qui cherchent à insuffler une Espérance qui semble perdue aux yeux de beaucoup et qui est puisée dans l’Evangile. Dans les quelques pages de ce bulletin, nous verrons comment le fondement de l’Espérance fait partie de l’œuvre d’éducation ou comment il est mis en œuvre auprès des personnes en difficulté. Nous verrons qu’ il peut se transmettre de nombreuses manières.
Dans le cadre de la vie paroissiale, l’équipe d’Entraide et Partage œuvre au service de ceux qui ont besoin d’aide pour affronter les rigueurs de la vie quotidienne. Mais ce sont également chacun de nos services paroissiaux qui sont ces lieux où l’Espérance, comme vertu évangélique, veut avoir toute sa place.
La vertu d’Espérance nous conduit à nous appuyer sur la Grâce agissante du Seigneur dans nos vies quotidiennes, d’où l’importance d’ailleurs de notre vie de prière quotidienne et d’une autre vie sacramentelle régulière. C’est ainsi que nous le formulons dans l’acte d’Espérance :
« Mon Dieu, j’espère avec une ferme confiance, que vous me donnerez, par les mérites de Jésus-Christ, votre grâce en ce monde et le bonheur éternel dans l’autre, parce que vous l’avez promis et que vous êtes fidèle dans vos promesses. »
En effet, le chrétien ne se limite pas à « assumer sa vie quotidienne », mais il la vit dans l’attente de la perfection qui n’est pas de ce monde. Et c’est ainsi que nous essayons de perfectionner chaque instant de notre vie, pour pouvoir continuer notre pèlerinage quotidien en vue du Bonheur éternel.
C’est ainsi que nous sommes appelés à vivre non pas en nous contentant de regarder ou de comparer nos misères en ce monde, mais en nous entraînant mutuellement vers cette joie extra-ordinaire (c’est-à-dire qui sort de l’ordinaire) qui vient répondre à cette morosité du monde en lui rendant sa dimension réelle, qui est de nous conduire jusqu’aux joies de l’éternité.
Lorsque nous sommes confrontés aux douleurs du deuil, du découragement, voire de la désespérance, c’est dans un acte de confiance renouvelé dans le Seigneur que nous sommes capables de nous ressaisir, pour nous ouvrir à nouveau à la Grâce agissante et sanctifiante que le Seigneur vient nous offrir, en partageant notre humanité.
La joie de Noël n’est donc pas une joie superficielle qui consisterait simplement en une sorte de pause au milieu des rigueurs de l’hiver, mais elle est bien ce signe d’Espérance dont nous sommes appelés à recevoir les bienfaits tous les jours de notre vie.
En effet, lorsque le Christ vient prendre pleinement notre humanité, il accomplit cette œuvre de Salut étonnante qui fait comprendre à l’homme qu’il n’est plus livré seul aux rigueurs de ce monde, mais que Dieu lui-même choisit de porter pour lui ces rigueurs, afin de lui permettre de continuer son pèlerinage terrestre, pour se laisser élever jusqu’à cette joie confiante qui devient alors le socle d’un nouveau mode de vie en ce monde.
Les nombreux témoignages de sainteté, y compris au cœur de contradictions particulières et parfois du martyre (pensons à St Vincent, célébré le 22 janvier), nous montrent que
la voie de la confiance est celle qui, au-delà des mérites humains, nous permet de grandir dans une belle fidélité, qui porte une fécondité non seulement pour la personne concernée, mais également pour son entourage, l’Eglise et le monde.
Nous pouvons puiser dans le trésor de l’héritage spirituel de l’Eglise pour nous en rendre compte, en relisant par exemple Aelred de Rievaulx (XVIIIème siècle) :
« Avant la naissance du Christ, il n’était pas pour l’homme de joie certaine, sinon dans la connaissance et l’espérance de ce jour. Aujourd’hui, il vous est dit : ne craignez pas, aimez ; ne soyez pas dans la tristesse : réjouissez-vous. Un ange descend du ciel et il vous annonce une grande joie. Réjouissez-vous pour vous, réjouissez-vous aussi pour les autres, car cette joie n’est pas pour vous seuls, elle est de tout le peuple.«
Parce que l’Espérance ne consiste pas seulement en une sorte de « réconfort personnel », elle nous ouvre à une fécondité qui rejaillit autour de nous. Il y a une sorte d’Evangélisation de l’Espérance que nous retrouvons dans l’attitude de celui qui s’approche de la mort avec sérénité et confiance, ou encore de celui qui, confronté à la contradiction, ne s’enferme pas dans l’aigreur (comme l’on dit ici, en « rouméguant » – remugant du catalan remugar : ruminer,ressasser -) ou la désolation.
Ainsi, de jour en jour, puisant notre joie dans l’annonce de la venue du Sauveur dans le monde, nous pouvons être de ces témoins renouvelés de l’Espérance, rendant au monde les couleurs de ce qu’il est véritablement : un temps donné par Dieu pour avancer ensemble vers la Joie parfaite.
Vraiment, « l’Espérance ne déçoit pas » (Rm 5, 5) !
Abbé Benoît De Roeck +
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