Parmi les nombreux organistes qui se succédèrent à la tribune du Grand-Orgue de la cathédrale de Perpignan, deux méritent tout particulièrement d’être cités. Il s’agit de Jean-Nicolas Geoffroy au XVIIème siècle, et d’Antoine Reboulot au XXème siècle. Ils ont « marqué » cette tribune sans pourtant y rester longtemps.
Antoine Reboulot fut organiste titulaire du Grand-Orgue de la cathédrale de Perpignan de décembre 1937 (il succède alors à Saturnin Paraire), à 1941. A sa nomination à Perpignan, il a 23 ans. Il y restera donc 3 ans et demi. .
Reboulot et l'orgue de Puget
L'instrument qu'il découvre est celui qu'a restauré Maurice Puget en 1930, l'orgue qu'avait inauguré Marcel Dupré. Un certain Calcet, organiste de St-Matthieu de Perpignan, était concurrent, et bien vu parce que catalan, nous dit Reboulot dans l'entretien accordé à Jacques Boucher et Odile Thibault. Il semblerait que ses compétences aient été moyennes. Il obtiendra le poste après le départ d'Antoine Reboulot.
Tant Marchal que Dupré avaient recommandé à Reboulot d'aller à Perpignan :
« Tu aurais un gros orgue qui a ses défauts mais qui a aussi ses qualités », lui dit Marchal.
« Mais mon petit, c'est le pactole. Vous allez faire fortune là -bas ! », lui dit Dupré.
Au final, que pense le jeune organiste, une fois qu'il l'aura découvert et joué, de cet orgue ?
« L'orgue de Perpignan était un Cavaillé-Coll de 1854, une très bonne époque. Il avait cinquante-huit jeux à l'époque. Il y avait des flûtes de 8 pieds qui étaient absolument à rêver. Il y avait deux flûtes harmoniques, dont celle du clavier de solo qui était admirable. L'autre était jolie aussi. Puget avait mis les mains là -dedans. Il avait ajouté dix-sept jeux, ce qui en faisait un instrument de soixante-quinze jeux. Il l'avait fait un peu sur les conseils d'Alexandre Cellier (1883 – 1968), des conseils pas très judicieux, soit dit entre nous d'ailleurs ».
Le 22 décembre 1937 au soir
Ce soir du 22 décembre 1937, il donne un programme de concert tout à fait dans l'esprit des ceux d'inauguration de Dupré donnés 7 ans auparavant : pièces d'orgue seul, mais aussi chant solo et orgue, maîtrise et orgue. Salut du Saint-Sacrement pour finir.
Concert :
• Toccata et Fugue en ré de Bach,
• Récitatif et Air du Messie de Haendel,
• Clérambault (Caprice sur les grands jeux),
• Cabanilles, Daquin, du Chausson (Cantique de Sainte-Cécile à la Vierge, chant solo et orgue),
• Berceuse de Dupré,
• Pièce Héroïque de Franck,
Improvisation.
Messe :
• Quête : Toccata de la 5ème Symphonie de Widor pour la quête.
• Salut : O Sacrum convivium de Busser, Ave Maria de César Franck, Tantum ergo de Koster.
• Sortie : Final de la 1ère Symphonie de Vierne.
Cela donne une idée des goûts musicaux et des constantes de l'époque. |